• Invasion des drones-2

    d2Enfin un domaine d'avenir où la France est championne ! Les drones envahissent son ciel alors que le secteur balbutie de l'autre côté de l'Altantique. Les Américains viennent tout juste d'autoriser un vol de drone à usage commercial au-dessus de la terre ferme. BP pourra bientôt envoyer un avion sans pilote surveiller ses installations pétrolières en Alaska. Qualifiée d'« étape importante », mardi 10 juin, par le secrétaire aux transports, Antony Foxx, cette décision marque un tournant dans un pays où les vols d'engins sans pilote sont encore interdits.
    Car dans tous les pays où le ciel leur a été ouvert, le succès a été immédiat. En Europe, le drone est devenu une spécialité française avec 602 opérateurs, largement devant le Royaume-Uni et la Suède, qui comptent chacun 200 intervenants. Rien qu'en un an, leur nombre a progressé en France de 350 % et de 111 % sur les six derniers mois, avec désormais plus de 2 000 appareils en service.


    Quand, en avril 2012, la Direction générale de l'avion civile (DGAC) a fixé le cadre, « ce fut l'explosion », reconnaît Emmanuel de Maistre. Ce trentenaire, normalien en biologie, a alors créé Redbird avec trois associés passionnés d'aviation. « Je venais de vendre deux start-up de biotech et je prenais des cours de pilotage quand la réglementation a été adoptée », raconte-t-il. Sa société, qui vient de rejoindre les locaux du nouvel incubateur parisien Innovation Boucicaut, emploie une quinzaine de personnes. Des pilotes mais aussi des spécialistes du traitement d'images et de données pour établir des cartes.


    L'ENGOUEMENT EST LE MÊME QUE POUR LES PC
    C'est ce drone que la chambre d'agriculture de la Somme a retenu pour évaluer le taux de fertilisants des parcelles à l'initiative de son conseiller technique, Thibaud Leroy. Cette expérience, une première en France, a été menée sur 3 000 hectares et sera présentée jeudi 12 juin à Thieulloy-l'Abbaye, près d'Amiens. Prochainement, les agriculteurs pourront, à raison de 10 ou 15 euros l'hectare, utiliser ce service, qui leur permettra de mieux doser et répartir l'engrais pour le blé et le colza. Une source d'économies importante.

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    « L'engouement pour les drones civils est le même que celui pour les PC lorsqu'ils sont arrivés dans les bureaux. Beaucoup pensaient alors, à tort, qu'ils feraient tout tout seuls », se souvient Guillaume Tissot, responsable du développement chez Rectimo Air Transports, une société de Chambéry spécialisée dans le travail aérien. Voici deux ans, l'enthousiasme était tel pour ce nouveau marché que les opérateurs se sont multipliés, passant de 80 à plus de 600 aujourd'hui. Guillaume Tissot estime que « la bulle va devoir éclater et que seuls resteront les plus innovants ».


    Du côté des constructeurs, en avril, ECA a repris Infotron, le spécialiste des minidrones aériens. « Nous devenons la première société au monde à disposer d'une offre complète de drones sous-marins, terrestres, navals et aériens », explique son directeur général, Guénaël Guillerme.
    « L'avance de la France est fragile, relativise Emmanuel de Maistre, vigilant face à la perspective d'ouverture américaine. Nous sommes aujourd'hui à un point d'inflexion. » Pour mobiliser le secteur et faire évoluer les règles, il a créé la Fédération professionnelle des drones civils, et imagine déjà une filière employant de 5 000 à 10 000 personnes.

    Suite et source de l'article:

    http://www.lemonde.fr/technologies/article/2014/06/11/les-drones-a-la-conquete-du-ciel-de-france_4435838_651865.html